Philippe Ségalot, 52 ans est un grand nom du marché de l’art contemporain. Malgré tout, son métier, ainsi que ses méthodes de travail restent très mystérieux. Courtier, conseiller en art contemporain pour les personnes les plus influentes au monde, il est un intermédiaire entre des artistes reconnus et de riches collectionneurs. Travaillant autrefois pour Christie’s, il a fondé GPS Partners en 2001 avec Franck Girard et Lionel Pissarro, petit-fils du peintre.
Tous les « deals d’art » sur lesquels on le retrouve dépassent le million de dollars ; lors du programme appelé Carte Blanche at Phillips, de Pury & Company, il réussit à vendre 33 lots pour une somme de 117 millions de dollars.
On peut ainsi dire qu’il est un chasseur de trésors, parcourant la planète pour voir en avant-première les dernières créations des artistes les plus en vogue.
Parce qu’il traque mieux que quiconque les chefs-d’œuvre, Philippe Ségalot est inclassable ! En 2014, The Guardian le fait paraître dans la liste des « movers and makers : the most powerful people in the art world ».

Parmi les artistes avec lesquels il collabore régulièrement, citons Urs Fischer dont l’exposition au Centre Pompidou en 2004 du nom de « Not My House Not My Fire » avait marqué les esprits. Une de ses sculptures, Untitled Lamp/Bear (2005-2006) s’est vendue près de 7 millions de dollars chez Christie’s en 2011 à New York.
Révélateur de talents, Philippe Ségalot peut se targuer d’avoir catapulté au firmament de la cote des artistes internationaux comme Jeff Koons, avec notamment le fameux « Balloon Dog ».

Quel est donc son secret ? Comme il le dit lui-même, il doit beaucoup à la confiance que lui témoigne depuis toujours un des plus grands collectionneurs au monde, le milliardaire et discret fondateur de Kering François Pinault. Féru d’art et toujours en quête d’étoffer sa collection, c’est pour son compte qu’œuvre souvent cet aventurier hors-normes.
Le 10 novembre, un nouveau record de 170 millions de dollars était atteint pour un nu de Modigliani, et encore une fois, Philippe Ségalot pour le compte d’un autre, faisait partie des derniers enchérisseurs. C’est aussi sa grande discrétion et son air de bon père de famille qui sont à l’origine de sa complicité professionnelle avec le magnat du luxe.
Surnommé le Pinault’s boy dans le milieu, leur collaboration semble s’inscrire dans la durée.

Sigmar Polke – « Accrochage » – Punta della dogana, Venise 2016
A partir du 17 avril 2016 sera organisée une rétrospective sur l’œuvre de Sigmar Polke au Palazzo Grassi à Venise, où près de 90 œuvres de la collection Pinault seront réunies. Cet événement exceptionnel de par les œuvres inédites qui y seront dévoilées sera en partie rendu possible grâce au travail de Philippe Ségalot.
Pour réussir de si beaux « coups », il use parfois de subterfuges plutôt saugrenus. Il fait appel en 2006 à un maquilleur d’Hollywood pour le transformer en NERD aux cheveux longs, de sorte de passer incognito, bouteille de coca à la main au Art Basel Show alors même qu’il avait été interdit d’apparition.
Collectionneur averti, Philippe Ségalot dit assouvir à travers l’achat de pièces d’exception pour de riches propriétaires, une quête artistique jubilatoire et égoïste que sans eux il ne pourrait vivre.
Décidément, ce personnage rocambolesque fréquentant jet-set et mondanités, laisse peu transparaître quant à l’étendue de ses commissions, bien que là encore, il semble que sa discrétion légendaire en dise suffisamment.
Alain ROUSSO