Le boom de la fast fashion anglaise, c’est lui. Sir Philip Green a bâti un empire dont Topshop est la vitrine emblématique. Son secret ? Un flair pour les affaires… et une équipe de choc, Kate Moss en tête. Rencontre avec le self-made-man qui secoue la planète Mode.
« Si tu te lèves le matin sans aucune motivation pour aller travailler, fais autre chose ! » Philip Green est intransigeant. Un trait de caractère qui lui sourit. À 62 ans, ce Londonien pure souche est l’un des businessmen les plus successful du moment, propriétaire du groupe Arcadia – qui englobe les marques Burton, Dorothy Perkins, Miss Selfridge et bien sûr Topshop. The Sunday Times estime sa fortune personnelle à 4,6 milliards d’euros. En 2006, la reine a anobli cette figure emblématique du « retailing » britannique. Mister Green devient alors sir Philip Green. « Mais vous pouvez m’appeler Philip », concède-t-il, sourire en coin…


L’homme donne peu d’interviews. Mais en cette fin d’après-midi de février, le tycoon de la fast fashion semble détendu : le défilé Topshop Unique se termine à peine et les réseaux sociaux s’emballent déjà. Outre une collection aboutie, le front row a fait sensation. Étaient de la partie Kate Moss, Anna Wintour, Poppy Delevingne… ou des it girls montantes comme Maisie Williams («Game of Thrones »). En backstage, l’homme ne boude pas son plaisir : « Si on ne joue pas pour gagner, à quoi bon jouer ? »
Le goût du business

Cheveux gominés, chemise ouverte, montre calibrée, on l’imagine bien cigare aux lèvres jouer les parrains mafieux sur grand écran. Sir Philip Green est un winner dans l’âme. Pourtant, son destin a d’abord été marqué par un drame : à 12 ans, il perd son père. Sa mère reprend les affaires en cours, dont la gestion d’un garage. L’adolescent passe ses week-ends à remplir les réservoirs d’essence : « Je pouvais gagner jusqu’à 5 livres de pourboire. Boom ! » se souvient-il fièrement. Philip Green a la manie de ponctuer chacune de ses phrases d’un « boom », « done » ou « dadadada » qui donne le « la ». « J’ai arrêté les études à 16 ans pour entrer dans la vie active ». Son truc ? Le business. Les affaires. Les coups. Dépenser une livre sterling pour espérer en gagner deux. Il apprend les ficelles du métier en se frottant à l’importation de chaussures : « J’achetais des stocks à Hongkong et boom…, je les revendais à Londres. »
À 23 ans, il lance son propre business, d’importation de jeans cette fois. Philip Green a le chic pour acheter à bon prix et… vendre au meilleur prix. Sa recette ? Des tours de passe-passe ultra-malins, comme cette fois où il a acheté des stocks d’invendus au rabais : « Ensuite, je les ai envoyés au pressing pour une petite beauté. Et hop… le stock s’est vendu à la vitesse de l’éclair. » Coup après coup, le businessman gravit les échelons du commerce à grande échelle. Lui est-il arrivé d’échouer ? « Of course ! Cela fait partie du jeu. Je demande souvent aux étudiants que je rencontre : “Êtes-vous prêt à vous planter ? Et surtout êtes-vous prêt à rebondir ?” Car c’est cela dont il est question dans le business : être suffisamment culotté pour tenter le coup… et se relever en cas de pépin. » Philip Green se tapote alors le bout du nez : « Avoir du flair…, cette partie-là du métier ne s’apprend pas : tu l’as ou tu ne l’as pas ! Boom ! »
Le Figaro Madame