
Le phénomène de mode bat son plein. En ville, la barbe est de mise, plus ou moins fournie chez le modeux comme l’intello. Est-ce une manière pour ces citadins policés de reprendre du poil de la bête? Décryptage à travers le jeu des sept tribus.

Le flemmard
N’importe quel barbier vous le dira. Entretenir une barbe prend moins de temps qu’un rasage intégral chaque matin. Donc les tenants de la barbe de trois jours ou de trois semaines font d’une pierre deux coups: ils cultivent un look et entretiennent le poil qu’ils ont dans la main.

Le chic
Barbe tendance militaire du XIXe siècle, impec et bien taillée, digne d’un capitaine de vaisseau au rapport, pour Alain Seban, président fort volontaire du Centre Pompidou. Ne manque que l’uniforme sanglé à la taille à cet adepte de la musculation qui soulève des enclumes de fonte.

L’aventurier
La barbe du baroudeur ne relèverait pas d’un style mais d’une question pratique? Pas faux. Le rasoir est un accessoire encombrant pour celui qui voyage (très) léger. Néanmoins, la barbe reste un symbole fort du retour à la nature et à l’état sauvage.

L’artiste
Comme l’écrivain (Zola, Musset, Verlaine), l’artiste fut barbu comme Rodin, Cézanne et Courbet, avant d’être glabre comme Picasso. Aujourd’hui, cette affirmation virile n’est pas si fréquente. Gothique et wagnérien, hirsute et à bouclettes, l’Allemand Jonathan Meese passe de la scénographie d’opéra (Médée de Charpentier) à la peinture.

L’intellectuel
Depuis quelques années, un barbichette plus ou moins hésitante assombrit le visages de nombreux écrivains comme Chritophe Ono-Dit-Biot que l’on croise régulièrement au Flore.

Le comédien
La barbe reste un attribut de virilité dans le cinéma français. Gérard Lanvin ou Olivier Marchal se la laissent pousser quand ils jouent au flic ou au truand.

Le hipster
Les barbiers lui disent merci. Sans lui, la taille de barbe n’aurait jamais été remise au goût du jour. Le hipster (branché) est parfois une tête-à-claque coiffée d’un bonnet; il est aussi le plus souvent une tête à poils. On le croise dans tous les bobolands parisiens (rue de Bretagne, Montmartre, Oberkampf). Sa longue barbe exige six mois de patience et d’abnégation. Il bichonne son signe extérieur de branché. Sa barbe n’a rien à voir avec celle du clochard. Même hirsute, elle ne sent jamais le mauvais vin.

Les moustachus se rebiffent
Les spécialistes sont formels. La moustache reste timide. Seuls quelques artistes l’arborent, le plus souvent dans un style «crayon» à la Clark Gable.