Le nouveau concept d’Airbus.
C’est à l’occasion du salon de Genève que Airbus a dévoilé sa voiture du futur. Imaginé par l’avionneur européen et Italdesign, ce véhicule aérien modulable a été créé pour faciliter les trajets dans les mégapoles très fréquentées. Entre le 5ème Élément, et Star Trek, ce cocon monocoque, en fibre de carbone, mesure 2,6 mètre de long, 1,4 mètre de haut et 1,5 mètre de large.

Réalisé en partenariat avec la société italienne Italdesign, la pop-up est liée à un premier module terrestre et à un second module aérien propulsé par huit rotors contrarotatifs. Ainsi, suivant les configurations, la pop-up peut soit se déplacer comme une voiture de ville électrique classique, soit en une sorte de drone. En cela, le concept combine la flexibilité d’une voiture citadine à deux places et la liberté, la vitesse d’un appareil à décollage verticale. Grâce à ce projet, les ingénieurs d’Airbus donnent vie à un vieux rêve de l’homme : fusionner les domaines de l’automobile et de l’aéronautique.
Airbus- Asics, l’envol à tout prix.

La vie est décidément pleine de surprise. Pendant que Asics se met en tête de faire décoller ses clients sur des pistes d’aéroports, Airbus, lui à l’inverse, souhaite faire s’envoler ces avions au cœur des villes. Étrange télescopage des imaginaires.
Désormais, quels que soient les segments de marché ou les produits, les annonceurs nous vendent des silhouettes de plus en plus mobiles en état d’apesanteur, fluides, conquérantes, triomphantes avec grâce de l’élément aérien, impatientes de « narguer » sans doute une attraction terrestre trop sédentarisante. Jadis réservée à une élite en raison de son coût exorbitant, la mobilité infuse désormais l’ensemble de la société. Mobilité et sédentarité ne seraient-elles pas la nouvelle confrontation du sacré sur le profane ?
Jadis simple acte de translation entre deux points, la mobilité est devenue la nouvelle extase de ce 21ème siècle. Nouvelle bulle à membranes fines, comme celle du ballon de Louis Vuitton quittant précipitamment la cour du Louvre, la mobilité encapsule en son sein les nouveaux élus de la consommation.
Porteuse d’une expérience unique et d’une idéalisation de soi-même, elle est devenue la nouvelle transcription poétique de l’art du déplacement, transcendant indistinctement la marque comme son consommateur.
La mobilité vécue comme un accès à « l’ailleurs » qui serait une occasion de confirmation et de renforcement de la position sociale du voyageur. Nombre de marques, notamment de luxe, nous confrontent avec des espaces peu explorés, comme les toits de Paris ou les enchevêtrements ferreux de la Tour Eiffel, mais aussi avec de lointains monuments comme celui du Taj Mahal pour Shalimar de Guerlain.
Les lieux de mobilité (aéroports et gares) sont eux-mêmes mis à l’honneur par les marques. Nombre de publicités chargent ainsi les zones aéroportuaires d’une valeur métaphorique puissante en terme de charge émotionnelle et d’une conception distinctive de la mobilité héritée de la jet set.
Triomphe donc du mouvement, du dépaysement, de l’autonomie, triomphe aussi du produit à usage unique à la fois léger, précieux, intuitif et responsive. Désormais, il faut chatter en marchant, manger en courant, filmer en skiant. La mobilité devient le nouvel axe gravitationnel qui aimante autoritairement l’ensemble des segments. Les marques n’ont d’autres choix que de converger vers cette « mobilité » où leurs spécificités s’hybrident dangereusement. Y aura-t-il bientôt encore une différence signifiante entre SFR, Hermès ou Nike qui n’ont de cesse d’étalonner leurs produits et leurs imaginaires sur ce nouveau fil vertigineux?
La mobilité est devenue le nouvel indice de performance, de bonheur, de vitalité d’une société anxieuse à l’idée de vieillir. Elle est le nouveau paradigme “incandescent” du marketing voyant en elle une opportunité de premiumiser des produits jadis trop sédentaires. Tout est prétexte à en évoquer les super pouvoirs (Orange), la rapidité (le drive en hypermarchés), la capacité de stockage (le cloud), la mesure (Rolex) ou enfin la majesté (pub Air France pour l’airbus A380).
Alain Rousso