Depuis quelques semaines, le groupe fondé par Mark Zuckerberg est dans la tourmente à la suite des révélations du New York Times à propos de l’entreprise Cambridge Analytica qui, pour servir au mieux la campagne de Donald Trump n’a pas hésité à utiliser de manière frauduleuse les données personnelles de plus de 50 millions d’utilisateurs Facebook. Objectif : prédire et influencer le vote de quelques dizaines de milliers d’électeurs encore indécis, soigneusement identifiés sur quelques états clés américains et susceptibles de basculer facilement côté républicain. Pour arriver à ses fins, Cambridge Analytica n’a pas hésité à se servir d’un cheval de Troie prenant les traits d’une inoffensive application de test psychologique à télécharger gratuitement surnommée « this is your digital life ». Une fois l’application intégrée à chaque ordinateur, l’entreprise Britannique n’avait plus qu’à « aspirer » les millions d’adresses non seulement de celles et ceux qui avaient téléchargé l’application mais aussi des amis de leurs amis.
Cette affaire montre clairement aux internautes qu’il existe de manière sous-terraine une utilisation parfois délictueuse de leurs données personnelles. Première activité en ligne de mire des internautes, le retargeting, une technique certes parfaitement légale mais profondément irritante en ce qu’elle traque souvent sans votre consentement vos historiques de navigation et vous « re-cible » des publicités en lien avec les marques ou les sites visités jusqu’à ce que vous y effectuiez un achat et souvent même après.
Assurément, cette actualité met aussi en lumière le fait que toute gratuité des recherches sur internet, érigée en dogme par les consommateurs est une pure chimère et qu’à la fin, quelqu’un doit bien s’acquitter du prix.
Question: À défaut d’être assumé financièrement par l’internaute, celui-ci doit-il se résigner à laisser ses données personnelles être une sorte de triste monnaie d’échange vendue comme une marchandise au plus offrant pour s’acquitter d’un service somme toute payant.
Conscients de l’urgence qu’il y avait à statuer de manière définive sur les agissements des GAFAM, l’Europe a définit un cadre légal partagé et appliqué par tous les acteurs du vieux continent.
Au final ces accusations ont fait perdre à l’action Facebook 6% et près de 37 milliards de dollars. N’est-il pas temps pour tous les acteurs du numérique de repenser leur modèle et leur implication dans les sociétés d’aujourd’hui ?
Sans remise en cause de leur part, les nouveaux moteurs de recherche gagneront sans cesse plus en légitimité. Plus « étiques » et « vertueux », ils s’érigent en défenseurs des droits : sociaux pour Lilo, privés pour Qwant ou environnementaux pour Ecosia.
Alain Rousso